Ydo Yao a été le Directeur général du Bureau international d'éducation (BIE) de l'UNESCO pendant trois ans, jusqu'à ce qu'il tombe malade et s'éteigne il y a quelques jours à Genève.
Ayant succédé à Mmantsetsa Marope en 2021, Ydo a apporté au BIE de l'UNESCO une passion pour l'éducation sur le continent africain, une mission clairement issue de ses propres expériences en tant que Burkinabé dévoué à l’Objectif de développement durable n° 4 (assurer une qualité d’éducation) souhaitant voir un programme d’études plus pertinent, ancré dans les cultures locales et centré sur les besoins des élèves, ainsi que de renforcer le développement professionnel des enseignant-e-s et le soutien aux élèves pour améliorer l'apprentissage au sein de la population jeune affichant la croissance la plus rapide au monde.
L'un des projets importants auxquels Ydo a participé a été la publication de l'Histoire générale de l'Afrique de l'UNESCO, racontée par des voix africaines, libérée du récit colonial qui a historiquement encapsulé tant de récits sur l'Afrique, où elle est considérée comme un objet plutôt qu'un sujet, une partie de l'histoire européenne plutôt que la source de son propre récit historique. Une autre prérogative centrale à laquelle Ydo tenait beaucoup était la question de la langue d'apprentissage. Il soulignait souvent que les systèmes éducatifs africains seraient véritablement libérés le jour où les langues locales seraient beaucoup plus répandues et où la langue d'enseignement des programmes et les manuels scolaires comporteraient des références locales. En effet, les données relatives aux résultats scolaires doivent être comprises en tenant compte du contexte, et lorsque l'apprentissage se fait dans une langue étrangère, les obstacles sont multiples.
Ydo ouvrait les portes d'une véritable décolonisation de l'éducation en Afrique lorsqu'il nous a quittés si tragiquement, à un jeune âge et bien trop tôt.
Il a fermement défendu la relation institutionnelle entre l'Ecolint et l'UNESCO-BIE et a permis à l'expertise de l'UNESCO de renforcer notre approche de l'apprentissage par le biais du Programme d'apprentissage universel (ULP), du Passeport de l'apprenant-e et de notre approche de la technologie qui a été renforcée par l'expertise technique de l'UNESCO. Le personnel de La Grande Boissière se souviendra encore de son discours lors du dernier sommet ULP, plein d'esprit et de dynamisme.
Ydo était un personnage remarquable, élégant et audacieux, plein d'humour et d'une détermination qui inspirait la sérénité. Il n'avait pas permis à l'ennui de la bureaucratie d'atténuer la forte lueur qui brillait en lui. Il s'engageait avec toutes celles et tous ceux qui l'entouraient et n'était en aucun cas prétentieux malgré son illustre carrière et ses diplômes. Pour moi, Ydo incarnait parfaitement la puissante valeur africaine de l'Umoja (unité en swahili) : il était un homme du peuple, un ami et une belle âme.
Le monde de l'éducation a perdu un membre très aimé de sa famille. Prenons le temps de la réflexion sur le travail du Dr Ydo Yao et assurons-nous ensemble de perpétrer son héritage pour un avenir plus équitable, plus juste et plus inclusif. L'Ecolint se tient aux côtés de la communauté UNESCO-BIE et de son dirigeant Svein Oesttveit en solidarité et en deuil pour la disparition d'un érudit, d'un dirigeant et d'un éducateur.
Conrad Hughes
Directeur général
18 avril 2024